Plusieurs changements se produisent dans la posture, l'équilibre et la démarche des personnes âgées au cours du processus de vieillissement. Parmi eux, les changements dans les articulations des pieds sont très fréquents. Ils peuvent ne présenter que des signes de vieillissement ou de changements pathologiques.
Orteils déformés et douloureux
Vous avez probablement déjà entendu parler d’orteils en griffe ou en marteau, tout en ignorant l’atteinte que désignent ces dénominations. Chez l’adulte, et le plus souvent chez les femmes, il s’agit de déformations progressives et fréquentes d’une ou de deux articulations des phalanges du pied. Les orteils se recroquevillent en forme de marteau, le plus fréquent, ou de griffe.
1. Fragile équilibre
À l’état normal, les orteils sont mobiles et en position d’extension de chacune des articulations. La mobilité, flexion et extension, de chacune des phalanges est assurée par des tendons fléchisseurs et extenseurs. Leur équilibre assure que l’orteil préserve sa position normale au repos. Or, si l’un des tendons est plus court ou n’a plus de force, cela va entraîner une déformation de l’orteil, les deuxièmes et troisième étant le plus souvent concernés. D’abord, la première articulation interphalangienne va se rétracter. Ensuite peut survenir une déformation de l’articulation à la racine de l’orteil (métatarso-phalangienne) qui complète la déformation (orteil en marteau). Si la deuxième articulation interphalangienne se contracte également en flexion, on parle d’une déformation en griffe. Au début, l’articulation reste mobile. Mais, inéluctablement, les capsules articulaires vont se rigidifier. C’est alors que commencent les problèmes et que les gens consultent en général. Car la friction du dos de la première phalange avec la chaussure sera plus forte, douloureuse, et la pulpe de l’orteil va appuyer davantage sur le sol.
2. Symptômes dès 50 ans
La déformation touche généralement les deux pieds, parfois avec un décalage dans le temps, et débute dès la quarantaine. Mais les symptômes apparaissent le plus souvent entre 50 et 60 ans : douleurs ou irritation de l’orteil à la pression ; cors sur le dessus, le côté ou l’extrémité de l’orteil, selon la déformation, et/ou apparition de callosités sous la phalange touchée ou sous le pied. Les cors peuvent former un ulcère, voire s’infecter. Dans sa forme la plus sévère, la déformation peut entraîner la luxation (le déboîtement) de la base de l’orteil. Par ailleurs, cela peut induire des métatarsalgies, douleurs localisées sous les têtes des métatarses, situés entre les os postérieurs du pied et les orteils.
3. Quand le pied grec fait mal
La cause de ces déformations est le plus souvent une prédisposition génétique : la forme du pied à la naissance. Les symptômes peuvent s’accentuer à cause du port de chaussures trop étroites et/ou à talons trop hauts. Rappelons qu’on classe la forme des pieds selon la longueur des orteils. Le pied égyptien, le plus répandu, se présente avec un gros orteil plus long que les autres doigts de pied. Le pied grec, lui, se caractérise par le deuxième orteil plus long que le premier, favorisant souvent la malformation. Et le pied romain a les quatre premiers orteils de longueur égale. D’autres atteintes peuvent induire ces malformations, telles que le pied creux, des traumatismes, des maladies neurologiques, des atteintes inflammatoires, comme la polyarthrite rhumatoïde, et, fréquemment, un hallux valgus (oignon du gros orteil avec déformation).
4. Marche en charge immédiate
L’intervention dure entre 15 et 30 minutes par pied et se fait sous anesthésie locorégionale (péridurale) ou générale avec un garrot sur la cuisse. Le patient peut immédiatement marcher en charge, avec une chaussure spéciale, ouverte, à semelle rigide, afin de protéger les orteils opérés à la marche. Dès la quatrième semaine, après le retrait des broches métalliques, le patient peut porter de nouveau des chaussures normales, adaptées à son pied. Le retour au domicile se fait généralement après une nuit d’hospitalisation, quand les douleurs postopératoires sont devenues supportables et que le patient est suffisamment mobile. Pour les patients exerçant une profession non physique, travaillant assis, l’arrêt de travail est d’une semaine, suivie de deux semaines à mi-temps avant la reprise à plein temps. Les personnes ayant un travail physique pourront le reprendre à plein temps dans les trois à six semaines.
Traitements : des séances de kinésithérapie à la prothèse de cheville
Comme pour toutes les autres formes arthroses, l’arthrose du pied ne se guérit pas. Pourtant, elle peut se traiter efficacement à base notamment d’antalgiques et d’anti-inflammatoires pour diminuer les symptômes et réduire la douleur. La kinésithérapie est aussi un bon moyen de soulager ses maux. Les quelques séances prescrites aident le patient à faire travailler l’articulation douloureuse et à renforcer les muscles de la zone. Ainsi, les raideurs et gonflements provoqués par l’arthrose et réduisant considérablement les mouvements du patient sont alors contrés par le mouvement lui-même. Chez soi, lorsque les douleurs surviennent, il est vivement préconisé de reposer son pied et sa cheville. Du repos, oui, mais pas trop ! Il est important de toujours se rappeler que l’immobilité est le principal ennemi de l’arthrose. Le tout, c’est de trouver le juste-milieu qui consiste à soulager les « gènes mécaniques » en se reposant, tout en mobilisant ses muscles et articulations de temps à autre pour stabiliser la maladie.
L’immobilité est le principal ennemi de l’arthrose
Pour un quotidien amélioré, un podologue peut apporter son aide en confectionnant des semelles orthopédiques qui permettent d’amortir les chocs sur les articulations et de réduire ainsi l’usure du cartilage. Si les douleurs persistent et sont trop importantes, que la solution médicamenteuse ne semble pas fonctionner, le médecin spécialiste peut alors prescrire des infiltrations locales de corticoïdes. Ainsi, le produit anti-inflammatoire agit alors directement sur l’articulation. Pour les cas d’arthrose très évoluée, une intervention chirurgicale est possible et la prothèse de cheville, qui permet de remplacer l’articulation usée, peut aussi être envisagée.